Etre à la fois Vierge et Mère semblent inconciliables. Mais pourtant c'est ce qui s'est réalisé en la vierge Marie, Mère de Jésus. Ce paradoxe nous donne l'occasion de parler un peu de la maternité divine de Marie et de sa virginité.
La Maternité divine, un dogme de l'Eglise
C'est au concile d'Ephèse, en 431, qu'a été défini la maternité divine de Marie, en réponse à l'hérésie de Nestorius. Celui-ci affirmait qu'en Jésus il y avait deux personnes, une divine et une humaine. La foi catholique enseigne qu'en Jésus il n'y a qu'une seule personne divine, la deuxième personne de la sainte Trinité, et par conséquent Marie est Mère d'un Fils qui est Dieu, donc elle est Mère de Dieu. Voici la définition du concile :
"Si quelqu'un refuse de confesser que l'Emmanuel est véritablement Dieu, et que, par conséquent, la sainte Vierge est Mère de Dieu, puisqu'elle a enfanté, selon la chair, le Verbe de Dieu fait chair, qu'il soit anathème." (canon 1)
Il ne faut pas considérer cette affirmation du concile comme une nouveauté. Cette expression était déjà courante avant le concile d'Ephèse comme en témoigne l'empereur Julien l'Apostat : "Vous autres, disait-il, vous ne cessez d'appeler Marie, Mère de Dieu."
Comment comprendre ce titre de Mère de Dieu ?
Ce titre attribué à Marie ne signifie pas que Marie est une déesse ni qu'elle a conçu et enfanté la nature divine. Même si tout ce qui est dans le Christ, nature humaine, nature divine et personne divine ne vient pas de Marie, cela n'empêche Marie d'être véritablement Mère de Dieu. Comme dit saint Thomas "une mère peut mériter ce titre, sans que tout ce qui constitue son fils soit dérivé de sa substance". Ainsi chaque être humain ne reçoit de sa mère que le corps, car l'âme est créée directement par Dieu. Un peu plus loin saint Thomas termine le texte cité par ces paroles : "Cependant la femme est, en toute vérité, la mère de l'homme qui reçoit d'elle son propre corps. De même, la Bienheureuse Vierge doit être appelée Mère de Dieu, puisque le corps d'un Dieu a été pris de sa substance".
Grandeur du titre Mère de Dieu
Pour se rendre compte de la sublimité de ce privilège, d'être Mère de Dieu, le plus grand que Marie a reçu comme nous l'avons dit dans cet article, nous pouvons méditer ces quelques considérations :
Par sa maternité divine Marie entre, avec la Trinité tout entière, dans des relations tellement intimes, et dans une telle familiarité, qu'elle semble pour ainsi dire, en faire partie.
Avec le Père éternel, elle partage l'honneur d'engendrer le même Fils. Elle ne l'engendre pas de la même manière, mais elle l'engendre réellement. Le même Fils qui reçoit du Père la nature divine, reçoit de Marie la nature humaine ; ce qui fait qu'il est, aussi réellement, fils de l'homme, qu'il est Fils de Dieu.
Au Fils de Dieu, infini comme son Père, elle donne, pour ainsi dire, un accroissement, en lui donnant, par son propre sang, le pouvoir de souffrir, de mourir et de mériter.
"Qui eût cru jamais, dit Bourdaloue, qu'une créature dût un jour donner, en quelque manière, l'être à son Créateur, et que le créateur pût devenir, en quelque sorte, l'ouvrage et la production de sa créature ? Qui l'eût cru, que Marie dût donner, à un Dieu, ce qu'il n'avait pas auparavant, et qu'un Dieu dût recevoir une vie toute nouvelle ?"
Cette citation de ce grand orateur nous fait entrevoir que la maternité divine est par elle-même une gloire incompréhensible. Ne soyons pas étonnée de la place de Marie dans la Bible : dès la Genèse elle est annoncée comme la femme qui écrasera la tête du serpent ; les grande libératrices du peuple d'Israël symbolisent et préfigurent la grande libératrice du genre humain. Préparée, comme son Fils par les types et les figures et inséparable de Lui, elle prend place auprès du Désiré des nations dans les prophéties.
Sens de l'expression Marie toujours vierge
Marie, tout en étant Mère de Dieu, est demeurée toujours Vierge. Comment comprendre cela ? La virginité dont il s'agit ici n'est pas seulement spirituelle mais aussi physique. Ce dogme de foi signifie donc trois choses :
- Marie fut Vierge avant la conception de Jésus : cela s'explique naturellement et ne pose pas de difficulté ;
- Marie fut Vierge durant la conception puisque c'est par l'opération du Saint-Esprit qu'elle a conçu son divin Fils, sans le concours d'un homme. Mais elle resta Vierge aussi au moment de l'enfantement car elle l'a mis au monde miraculeusement. Jésus a quitté son sein virginal, comme après la résurrection il sortait du cénacle les portes étant fermées, comme le pur rayon de soleil traverse le cristal, sans le briser.
- Marie demeura Vierge après l'enfantement ; en effet saint Joseph, son très chaste époux, et elle-même avaient fait voeu de virginité.
Il était d'une haute convenance que celle, dont les entrailles avaient porté le Verbe fait chair, fût désormais une arche sainte, sur laquelle nul ne devait porter une main profane.
Bourdaloue et la maternité virginale
Bourdaloue, dans un sermon sur l'Annonciation, a un très beau passage qui explique dans la mesure où c'est possible la convenance de ce mystère vierge et Mère : "Ce prodige, il faut l'avouer, surpassait toutes les lois de la nature, mais il ne laissait pas d'être, dans un sens, parfaitement naturel. Comme raisonne saint Bernard, si un Dieu, se faisant homme devait avoir une mère, il était de sa dignité, et par là d'une espèce de nécessité, que cette mère fût vierge ; et, si une vierge, par le plus inouï de tous les miracles, devait, sans cesser d'être vierge, avoir un fils, il était, pour elle, d'une bienséance absolue, et comme indispensable, que ce fils fût Dieu."
Ce dogme de la virginité de Marie, ante partum, in partum et post partum pour reprendre une formule latine consacrée (avant, pendant et après l'enfantement) a été cru très tôt dans l'Eglise.
Dans les Evangiles il est parlé des "Frères" de Jésus ; comment comprendre cette expression ? Comment ne remet-elle pas en cause la virginité de Marie ? Cela sera l'objet d'un prochain article.