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Les différentes causes à l'origine de l'iconoclasme

Icône de la Vierge de Vladimir

Icône de Vladimir

L'iconoclasme est une hérésie qui considérait le culte rendu aux icônes comme de l'idolâtrie, par conséquent elle prônait la destruction des images. Cette hérésie se développa surtout au VIIIe et IXème siècles en Orient. Mais cette erreur pouvait se justifier de certains abus, quant au culte rendu aux icônes. Regardons de plus prêt les différentes causes de l'iconoclasme ; cela nous aidera dans l'usage des icônes sacrées et autres tableaux  religieux.

Art païen contre art sacré

L'Eglise se développait au milieu d'un monde païen qui possédait déjà une culture et un art. L'Eglise essayait de sacraliser tout ce qui pouvait l'être ; mais des éléments de l'art antique n'étaient pas sacralisantes, car ils ne correspondaient pas au sens de l'art sacré, ou même étaient en opposition. Malheureusement ces éléments influençaient et marquaient l'art sacré de leur caractère profane en y faisant pénétrer le sensuel et le charnel. De même qu'au niveau doctrinal l'Eglise devait lutter contre l'hérésie, de même au niveau artistique elle devait lutter contre l'art profane qui introduisait des éléments incompatibles avec le sacré.

L'Eglise essayait d'apporter au monde l'image du Christ, image salutaire ; à l'inverse le monde essayait d'introduire son image à lui, l'image du monde déchu.

Icône de la Trinité de Roublev

Icône de la Trinité de Roublev

Exagération du culte des images

Ainsi avant la persécution iconoclaste (VIIIe-IXème siècles) une certaine exagération dans le culte des icônes rendait celui-ci suspect :

- Certains chrétiens ornaient avec zèle des églises et considéraient que c'était suffisant pour leur salut.

- Au VIIème siècle, des images brodées représentant des saints ornaient des vêtements de cérémonie des membres de l'aristocratie byzantine.

- A Alexandrie des hommes et des femmes se promenaient dans les rues habillés de vêtements ornés d'images sacrées.

- les cheveux de ceux qui entraient au monastère étaient déposés devant de icône.

- On prenait parfois des icônes comme parrains et marraines.

- Certains prêtres enlevaient en grattant les couleurs des icônes, les mélangeaient avec le précieux sang dans le calice et distribuaient ce mélange aux fidèles.

D'autres prêtres célébraient l'Eucharistie sur une icône à la place de l'autel.

- Les fidèles de leur côté, concevaient parfois d'une façon trop littérale la vénération des icônes : ils vénéraient moins la personne représentée que l'image elle-même.

De telles pratiques étaient de la profanation et tous ces faits tournaient nettement à la magie ou rejoignaient des formes du paganisme.

En plus de ces attitudes scandaleuses envers les icônes, la représentation elle-même des icônes devenait décadente :

- la vérité historique était souvent faussée ; le christ était représenté suivant l'arbitraire de l'iconographe.

- une sensualité raffinée qui ne concordait pas avec la sainteté de la personne représentée, apparaissait.

Objections au culte de l'icône

Tout ceci donnait de l'eau au moulin des ennemis des icônes : "Comment peut-on représenter au moyen d'un vil art grec la très glorieuse Mère de Dieu qui a reçu dans son sein la plénitude de la divinité... ?" ou encore "Comment ne pas avoir honte de représenter à l'aide d'un art païen ceux qui doivent régner avec le Christ, partager son trône, juger l'univers et ressembler à l'image de sa gloire alors que l'Ecriture nous dit que le monde entier n'était digne d'eux ?"

Icône du Christ Pantocrator

Icône du Christ Pantocrator

L'iconoclasme favorisé par les ennemis du nom chrétien

Mais ces courants iconoclastes dans l'Eglise furent soutenus hors de l'Eglise par des sectes hérétiques et par l'Islam, qui commençait sa conquête. Pour les hérétiques qui niaient que le Fils de Dieu avait pris réellement un corps humain (docétisme), les icônes étaient à proscrire, car elles laissaient entendre la réalité de l'incarnation.

Au VIIème s. les Musulmans conquirent la Syrie, la Palestine. Au début les Arabes furent tolérants, mais bientôt ils commencèrent à s'attaquer aux icônes. En cela ils étaient soutenus par les juifs, fidèles à l'Ancien Testament, qui refusaient toute image, alors qu'aux premiers siècles du Christianisme ils décoraient leurs synagogues d'images.

Même en Occident, l'iconoclasme a sévi

L'Occident ne fut pas épargné par la fureur iconoclaste, mais seulement dans quelques cas isolés, comme à Marseille où l'évêque Sérénus fit jeter les icônes hors des églises et les fit détruire sous prétexte qu'elles étaient indûment adorées par le peuple. Le pape saint Grégoire le Grand loua le zèle avec lequel l'évêque s'était opposé à l'adoration des images, mais le blâma pour leur destruction : "Nous louons beaucoup que tu aies interdit d'adorer les icônes, mais nous interdisons de les briser. Il faut distinguer entre l'adoration de l'icône et le fait d'apprendre par l'icône ce qui, dans l'histoire, doit être adoré. Ce que l'Ecriture est pour un homme sachant lire, l'icône l'est pour un analphabète. Par elle, même les hommes manquant d'instruction voient ce qu'ils doivent suivre, elle est la lecture de ceux qui ne connaissent pas les lettres. C'est pourquoi l'icône remplace la lecture surtout pour  les étrangers."

Cette dernière citation est intéressante car elle met en valeur l'aspect catéchistique des icônes, à l'instar des vitraux au Moyen-Âge.

Icône de l'Annonciation

Icône de l'Annonciation

le rôle décisif de l'empereur d'Orient

Toutes ces mouvements auraient été insuffisants pour développer l'hérésie iconoclaste si l'empereur lui-même n'avait pas pris la tête du mouvement. Les motivations de l'empereur d'Orient sont mal connues ; il semblerait que des raisons à la fois politiques et religieuses ont poussé l'empereur Léon l'Isaurien ou Léon III (717 - 740) à interdire le culte des images. Voici comment un historien décrit la genèse de l'iconoclasme : "On fit croire à cet empereur, qui avait toutes les qualités d'homme d'état soldat : excellent général, habile diplomate, bon organisateur, mais par ailleurs  grossier et inculte, que le cultes des images alors en vogue était un retour à l'idolâtrie, un obstacle à la conversion des juifs et des mahométans, un cause de décadence pour son empire. Naturellement despote, il crut pouvoir arriver à l'exécution de son plan, l'entière abolition de cette coutume, et briser les résistances des foules. Léon s'en promettait de nombreux avantages : il élèverait le niveau de la civilisation parmi son peuple, resserrerait l'unité de son empire, en même temps qu'il acquerrait quelque chose de la puissance universelle des mahométans."

La persécution contre les iconophiles était lancée. Dans de prochains articles nous étendrons davantage sur ce sujet pour en tirer des fruits quant à notre vie spirituelle et à la vénération des icônes sacrées ou de dévotion.

Icône de la ViergeIcône de la Vierge à l'Enfant

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