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Origine et histoire de la médaille de saint Benoît

Les médailles de saint Benoît vendues sur notre boutique religieuses, sont celles dites du Jubilé de saint Benoît (1880). Mais comment sommes-nous arrivés à cette médaille ?

La médaille de saint Benoît et saint Léon IX

La médaille ou croix de saint Benoît a une origine ancienne, mais elle ne remonte pas au saint lui-même. Les informations les plus anciennes que nous possédons datent du XIe siècle, et se rapportent à la guérison miraculeuse d'un jeune homme, suite à une apparition de saint Benoît. Le miraculé était un certain "Brunon" (Bruno) de la famille des comtes d'Egisheim-Dagsburg, qui devint plus tard un moine bénédictin, puis pape canonisé sous le nom de saint Léon IX. En reconnaissance de sa guérison, il conçut le modèle de médaille de saint Benoît :

Médaille de saint Benoît et saint Léon

Sur cette médaille, une croix était gravée avec les lettres: CSSML - NDSMD, et les lettres CSPB sur les côtés de la croix.

Mais cette toute première médaille de saint Benoît devait subir plusieurs variantes.

La médaille du saint Nom de Jésus

En fait, probablement à cause de la dévotion envers le Saint Nom de Jésus répandu par saint Bernardin de Sienne, la médaille du saint Nom de Jésus a commencé à circuler ; on voit ci-dessous le dessin:

Médaille du  saint Nom de Jésus

Comme on peut le remarquer sur cette image, la place centrale de la médaille est donnée au Trigramme du Christ IHS surmonté de la Croix, entouré des lettres VRSNSMV - SMQLIVB.

Une double médaille du saint Nom de Jésus et de Saint Benoît

À une époque non précisée, les deux médailles ont été combinées, de sorte que la nouvelle médaille avait d'un côté l'avers de la médaille du saint Nom de Jésus avec les différentes lettres mentionnées ci-dessus, tandis que de l'autre côté, l'avers de la médaille de Saint Benoît avec ses propres lettres. Cette médaille était donc à la fois une médaille de saint Benoît et une médaille du saint Nom de Jésus.

Fusion de la médaille de saint Benoît et du saint Nom de Jésus

Vers la médaille de saint Benoît à deux faces

Au bout d'un certain temps, les deux faces de cette médaille fusionnent pour se retrouver sur un seul côté avec la médaille de saint Benoît au centre (croix et les deux séries de lettre) tandis le IHS de la médaille du saint Nom de Jésus était placé en haut en centre avec tout autour les deux séries de lettres qui l'accompagnaient, à savoir, VRSNSMV - SMQLIVB. Ainsi l'envers et l'avers de la médaille de saint Benoît/saint Nom de Jésus fusionnent pour donner la forme quasi définitive de l'avers de la médaille de saint Benoît que nous connaissons actuellement. Quand à l'envers de la médaille est gravée une représentation de saint Benoît avec l'inscription "Crux S. P. Benedicti". On peut dire qu'avec ce modèle la médaille de saint Benoît se trouve définitivement constituée, et que la médaille du saint Nom de Jésus semble être reléguée au second plan au profit de la médaille de saint Benoît. Les changements qui surviendront après ne seront qu'accidentels.

La nouvelle médaille ainsi formée était conforme à ce dessin:

La médaille de saint Benoît à double face

Ci-dessous la copie de dessins trouvés dans un manuscrit du 14ème siècle qui expliquent la fusion des deux médailles :

Fusion des médailles de saint Benoît et du saint Nom de Jésus

Une mystérieuse protection

La renommée de la médaille de saint Benoît se répandit après un procès pour sorcellerie en Bavière en 1647. Dans la ville de Natternberg, certaines femmes furent jugées comme sorcières et déclarèrent lors du procès qu'elles ne pouvaient pas endommager l'abbaye bénédictine de Metten, car celle-ci était protégée par le signe de la sainte croix. Dans le monastère des recherches ont été effectuées et des représentations peintes de la croix ont été retrouvées, avec l’inscription que nous connaissons déjà, la même que celle qui accompagne toujours la médaille.

Médaille de saint Benoît dans l'abbaye de Metten

Grâce à cet événement particulier, la médaille s'est répandue de plus en plus dans différentes tailles et formes.

Mais ces mystérieuses initiales ne pouvaient pas être interprétées jusqu'à ce que, dans un manuscrit de la bibliothèque du monastère de Metten en 1414, conservé aujourd’hui à la Bibliothèque d’Etat de Monaco (Clm 8201), une image de Saint-Benoît soit représentée avec ces mots. Un manuscrit précédent, datant du XIVe siècle et autrichien, et trouvé dans la bibliothèque de Wolfenbüttel (Helmst 2nd, 35j), semble avoir été à l'origine de l'image et du texte.

L'approbation de la médaille de saint Benoît par le pape

Au XVIIe siècle, J. B. Thiers, un érudit français, la considérait comme superstitieuse en raison des caractères énigmatiques qui l'accompagnaient, mais le pape Benoît XIV l'a approuvée en 1742 et la formule de sa bénédiction a été intégrée au rituel romain. Cet acte du souverain pontife a une grande importance, car le Pape indique les éléments essentiels qui constituent une médaille de saint Benoit ; nous avons déjà eu l'occasion d'en parler dans notre article "vraies ou fausses médailles de saint Benoît" où nous expliquons que le trigramme IHS n'est pas nécessaire sur une médaille de saint Benoît.

La médaille de saint Benoît au XIXème siècle

Léon-Papin Dupont, homme de la sainte Face et de la médaille de saint Benoît

Au XIXe siècle, on assiste à un regain d’enthousiasme pour la médaille ou croix de saint Benoît, qui s’est développée en France grâce au zèle de Léon-Papin Dupont (1797-1876), appelé "le saint homme de Tours". Homme très fervent, ayant de nombreuses relations dans les cercles ecclésiastiques et doté d'une grande générosité et d'une grande charité, il a propagé la dévotion à la sainte Face du Christ et a également propagé l'utilisation de la médaille de saint Benoît.

L'opuscule de Dom Guéranger sur la médaille de saint Benoît

Il faut citer aussi l'"Essai sur l'origine, la signification et les privilèges de la médaille ou croix de saint Benoît" écrit par Dom Guéranger où il rapporte un certain nombre de faits merveilleux ou miraculeux attribués à l'invocation de saint Benoît et de la médaille. La première édition des écrits de l'abbé de Solesmes remonte à 1862. Mais quelques années auparavant, en 1849, l'abbé de Saint-Paul-hors-les-murs, D. Francesco Leopoldo Zelli Iacobuzzi (1818-1895), avait publié un livre en français, à l'initiative de Léon-Papin Dupont, que Dom Guéranger utilisa pour son propre travail. Dans cet ouvrage, l'auteur, qui faisait partie des partisans de la réforme monastique dans son pays, raconte l'histoire de la médaille en faisant appel à des auteurs de renom. Ce texte a eu une influence sur ceux qui ont écrit sur le sujet en France.

La médaille du jubilé de saint Benoît en 1880

Cependant, cette médaille subit une dernière modification faite en 1880, sur ordre et sous la supervision du prieur de Montecassino, Bonifacio Krung o.s.b., à l'occasion du 14ème centenaire de la naissance de Saint Benoît. Pour honorer la naissance du Patriarche des moines d'Occident, les abbés du monde entier se réunirent à Montecassino. Afin de marquer cet événement, il a été décidé de "remanier" la médaille, établissant que, à partir de ce moment, la nouveau modèle serait considéré comme La "Médaille de Saint Benoît". Comme nous le savons aujourd'hui, cette médaille, réalisée pour le jubilé bénédictin de 1880, a été conçue par le moine de Beuron, Desiderio Lenz. Elle fut approuvée par le pape Pie IX en 1878.

Voici les dessins et les photos d'une des toutes premières médailles du jubilé:

Dessin de la première médaille du Jubilé

Nous remercions la société Germoglio qui nous a fourni une grande partie des informations qui nous ont permis de rédiger cet article.

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