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Le retable de l'Agneau Mystique et la fontaine

- Catégories : Art religieux

retable agneau mystique : fontaine

Adam et Eve et leurs enfants...

Aux extrémités de la zone supérieure du polyptyque se trouvent deux personnages en tenue d'Adam, ce sont évidemment nos premiers parents. Leur présence indique qu'ils ont été admis à la gloire éternelle ; mais leur nudité nous remémore le péché originel. Leur repentir après la chute est nettement inscrit dans leur attitude et dans leur physionomie. Leur faute de désobéissance a été l'occasion de la rédemption. Ainsi leur présence se justifie tout à fait ici et nous rappelle cette parole de saint Paul : "Heureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur ".

Au-dessus d'Adam  est représenté l'offrande d'Abel, et au dessus d'Eve le meurtre d'Abel par Caïn. Ces deux événements, selon les Pères de l'Eglise, préfigurent l'offrande du Christ et le sacrifice du Christ.

Adam, Eve, Caïn et Abel du retable de van Eyck

La fontaine de vie du triptyque de l'Agneau Mystique

Au milieu du panneau central inférieur se trouve une fontaine dont le bassin est octogonal. Sur le rebord en marbre on peut lire ces paroles de l'Apocalypse : "Hic est fons aque vite procedens Dei + Agni", ce qui en français donne "Voici la fontaine d'eau vive qui jaillit de Dieu et de l'Agneau". Cette citation nous renvoie à l'Evangile de saint Jean (Jn 19, 33-35) où l'apôtre parle du coup de lance et du sang et de l'eau qui jaillirent du côté transpercé. L'eau nous rappelle le baptême et le sang symbolise l'Eucharistie, les deux principaux sacrements qui peuplent le Ciel d'élus. Ainsi c'est l'Eglise qui sort du côté transpercé du Christ son céleste Epoux. Sur ce retable, l'Eucharistie était déjà clairement symbolisé par l'Agneau mystique debout et immolé sur l'autel. Maintenant nous voyons le symbole du baptême avec cette fontaine.

Fontaine du retable de l'Agneau mystique

Le symbolisme du chiffre huit

Ce bassin octogonal rappelle les nombreux baptistères qui ont cette forme. Huit est aussi le chiffre des Béatitudes (Mt 5, 3-10) , ce chiffre rappelle aussi les strophes octogénaires du psaume 118. Il est aussi le 8ème jour, celui de la Résurrection. Ce jour rompt le cycle des 7 jours pour nous ouvrir l'éternité bienheureuse. Le 8ème jour est celui de la Résurrection car elle a eu lieu après le Sabbat qui est le 7ème jour. Le dimanche est ce jour où, vivant encore sur terre, nous anticipons cependant notre vie avec le Christ ressuscité et les élus dans le Ciel. Il est comme la vie du chrétien en ce monde, à la fois terrestre et céleste.

Tertullien écrivait que : "Tout ce qui est écrit du sabbat, recevons-le donc spirituellement, tenons-le spirituellement. Sabbat en effet veut dire repos. Or, notre vrai sabbat, nous l'avons, c'est notre Sauveur Jésus-Christ lui-même." (adv. jud. VI) C'est pour désigner ce sabbat spirituel que les Pères ont nommé le dimanche le huitième jour : le jour qui après chaque sabbat, nous place hors de la série astrale des sept jours de la semaine, hors de la durée du temps, et nous fait vivre déjà, avec le Christ ressuscité, de la vie Trinitaire.

Du pied du bassin jaillit un puissant jet d'eau qui s'écoule dans une rigole qui va se perdre hors du tableau. Ce symbole est celui de la grâce du Christ, et sa surabondance est figurée par ces multiples jets qui jaillissent de la colonne de la fontaine.

Le retable de l'Agneau Mystique ou triomphe de l'Agneau.

En guise de conclusion pour cette série d'articles consacrés à ce polyptyque que certains comparent avec la Divine Comédie de Dante, donnons une rapide synthèse de son sens spirituel, théologique et symbolique.

Un ancien historiographe du XVIIe s., Antoine Sanders, appelait ce tableau le triomphe de l'Agneau ; on y trouve l'essence même de la foi chrétienne. L'humanité, créée pour la gloire de Dieu jouissant d'un bonheur parfait, s'est, dans la désobéissance de ses premiers parents, écartée de son Créateur. Mais Dieu a eu pitié et, grâce au sacrifice et aux mérites de Dieu le Fils, qui s'est incarné sur la terre, l'humanité a pu regagner l'amour de Dieu et le bonheur éternel et, après l'évolution des siècles, elle en rend grâce à son Rédempteur.

Sur la terre renouvelée, où les fruits et les fleurs abondent, la béatitude infinie de l'humanité commence. L'ère du bonheur éternel est inaugurée par un acte solennel de gratitude et de louange que rendent les élus à Jésus-Christ le Rédempteur. Des processions d'êtres humains, régénérés en beauté, se rapprochent pour prendre part à l'acte de glorification.

Christ Eucharistique

Voici l'Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde

Sur le panneau central des groupes convergent des quatre points cardinaux vers le Christ représenté comme victime expiatrice sous la forme emblématique d'un agneau sans tache, et devant le Christ représenté comme Dieu dans la zone supérieure.

Au milieu, l'autel, décoré d'un antependium rouge, couleur de la Passion, porte l'Agneau symbolique, qui est debout, et non couché en victime immolée ; cette victime possède une vie éternelle, elle ne souffre plus, quoique son sang coule dans le calice du sacrifice. Les inscriptions sur l'antependium indiquent que cette victime à pris sur elle les péchés des hommes et qu'elle a été pour l'humanité la voie, la vie et la vérité. Devant cette figuration du Rédempteur, en tant que victime qui s'est sacrifiée pour les fautes de l'humanité, se trouve une fontaine. C'est un symbole de la grâce sanctifiante, produite par les mérites du Christ sur la terre, et distribuée à l'humanité.

Celle-ci est représentée par les différents groupes de personnages que nous avons décrit dans les articles précédents.

En haut au centre, la colombe, emblème du Saint-Esprit, dispensateur des grâces divines, envoie ses rayons d'amour divin sur tous les personnages qui viennent remercier et louer Dieu.

L'Esprit-Saint déjà présent à l'Annonciation, se retrouve donc être la source de toute grâce, il est l'âme de l'Eglise.

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