Categories

Du bon usage des images et des icônes religieuses

Icône Jésus Miséricorde

Icône de Jésus Miséricorde (détail)

Au XXe siècle, sainte Faustine Kowalska eut le privilège de plusieurs apparitions de Notre-Seigneur Jésus, qui lui demanda de réaliser un tableau. C'est le célèbre tableau de Jésus Miséricorde. Une telle demande du Sauveur justifie absolument le culte des images. N'ayons donc aucun scrupule d'honorer des icônes religieuses, dont l'usage  a été solennellement approuvé par l'Eglise en plusieurs occasions notamment au VIIIe et IXe siècle lors de la crise iconoclaste et au XVIe s. au Concile de Trente.

Pour vous aider à faire un bon usage des icônes et autres images religieuses, nous vous proposons quelques considérations sur les images dans la vie chrétienne.

Icône de la Trinité de Roublev

Le contemplatif et les images

Saint Thomas et la vérité des images

Les contemplatifs se contentent de peu de chose. Ils ont le vrai culte des images : ils ne s’arrêtent pas un instant au moyen, à la représentation, ils vont tout droit au but, au représenté. Ils regardent les paysages du Ciel à travers les images comme nous regardons ceux de la terre à travers une vitre. Ils pratiquent cette splendide doctrine de saint Thomas, suivant laquelle l’image, en tant qu’objet (toile, bois ou pierre, avec leur forme, leur figure, leurs lignes, leurs couleurs et leur séduction), ne mérite aucune vénération ; tandis que l’image en tant qu’image, en tant que signe et pure référence, attire à elle le même honneur numériquement que le représenté. C’est pourquoi saint Thomas prend à la lettre le mot d’« adoration de la Croix ». Haute doctrine qui n’a jamais été comprise de la Réforme, et que même des théologiens catholiques de grand nom ont tâché d’atténuer, en accordant aux images une vénération intermédiaire.

L'image ne doit pas être un obstacle

Saint Jean de la Croix nous donne de précieux conseils :

« Je vais donner ici un avis qui répondra à tout. Puisque les images nous servent d’échelons pour nous élever aux choses invisibles, il faut nécessairement que l’affection et la joie de la volonté se reposent exclusivement sur l’objet invisible dont elles sont la représentation. Le fidèle ne doit pas chercher un aliment à la satisfaction des sens dans une image, fût-elle corporelle ou imaginaire, d’un beau travail ou richement ornée, capable d’inspirer une dévotion sensible ou spirituelle. Il faut traverser ces accessoires sans en tenir aucun compte... Il suffit de porter sa pensée vers le souvenir qu’elle éveille, et de concentrer la ferveur de l’esprit et la force de la volonté en Dieu ou dans le saint qu’on invoque, car ce doit être là le terme de toute dévotion et de toute prière. D’après cette doctrine, l’impression sensible ne devrait jamais avoir la prééminence sur ce qu’il y a de réel et de spirituel dans le culte des images et des tableaux religieux, rien n’empêche plus l'esprit et les sens de s’élever librement vers Dieu. »

Saint Jean de la Croix

Saint Jean de la Croix

Sainte Marguerite-Marie et les images du Sacré-Cœur

Nous pouvons citer aussi l'exemple de sainte Marguerite-Marie qui n'est pas une théologienne : Il suffisait à sainte Marguerite-Marie d’apercevoir la plus quelconque des images du Sacré-Cœur pour que son propre cœur fût en ignition. Elle n’avait rien à mendier, certes, à ces pauvres choses, mais qu’elle savait bien les utiliser !

Ces exemples nous montrent que les saints, dont le regard contemplatif ne se reposait ni sur l’art ni sur les images en tant qu’objets, n’étaient cependant pas des iconoclastes.

Mais nous ne sommes ni un saint Jean de la Croix ni un saint Thomas. Si l’art n’est pas nécessaire à la piété des saints, il est nécessaire à la nôtre, à la piété du peuple fidèle dont nous sommes.

Sainte Marguerite Marie

Sainte Marguerite Marie

La nécessité des images

Le rôle de l’art dans la cité humaine

« Personne, dit saint Thomas après Aristote, ne peut vivre sans délectation ; c’est pourquoi celui qui est privé des délectations spirituelles passe aux charnelles. L’art apprend aux hommes les délectations de l’esprit, et parce qu’il est sensible lui-même et adapté à leur nature, il peut le mieux les conduire à plus noble que lui. Il joue ainsi dans la vie naturelle le même rôle, si l’on peut dire, que les « grâces sensibles » dans la vie spirituelle; et de très loin, sans y penser, il prépare la race humaine à la contemplation. » (Jacques Maritain)

Icône Vierge à l'Enfant-Jésus

L'Eglise protectrice des arts

Si l'art est nécessaire à la cité, il est aussi à l'Eglise. Elle sait la valeur unique de l’art. C’est pourquoi elle l’a tellement protégé dans le monde. l’Eglise qui a le plus prêché le dépouillement, la mortification et la croix, est aussi celle qui a le plus favorisé la beauté, l’art et la magnificence. Elle donne le lait aux enfants et le pain aux forts ; mais ici et là son souci est le même, et jamais elle ne détourne ses yeux du Cœur de son Dieu. Partout où la beauté réside, elle représente un bien divin : elle nous trouve attentifs ; bien plus, elle nous émeut sensiblement. A fortiori lorsque l'Eglise s’essaye à parer de son éclat ces vérités de la foi qui nous sont plus chères que la vie !

Décider si telle œuvre est un secours ou une gêne pour la piété de tel groupe de fidèles, et si, par conséquent, elle est apte ou inapte au culte, c’est une question de prudence qui concerne directement l’autorité ecclésiastique.

Dans son droit canon, l'Eglise donne quelques directives :

- elle condamne les images de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge contraires à l'esprit et aux décrets de l'Eglise ;

- les images insolites sont interdites et on ne doit pas s'écarter de l'usage reçu.

Icône de la sainte Famille

La légitime évolution de l'art

Pour autant nous ne devons considérer l'art chrétien comme quelque chose de figé. De même que le dogme évolue ( il se développe toujours dans le même sens et sans rupture), l'art se renouvelle, il vit en changeant. L'art peut se permettre des bouleversements que le dogme ne peut pas. Ce changement n'est pas dû au fait que la vérité changerait, mais à l'homme qui évolue dans la perception du vrai, du bien et du beau. Il est attiré par un certain aspect de la réalité, que, jusque là, il n'avait pas remarqué. Il découvre dans une créature une beauté qui n'attire que maintenant son regard. Mais toute évolution dans l'art n'est pas signe de progrès, car elle peut être due à une décadence des moeurs, de la culture ou de la civilisation.

Ainsi, l'Eglise consciente de cette aspect changeant, est ouverte à toute évolution dans l'art dans la mesure où cela favoriserait le sacré et le religieux.

Partager ce contenu

Ajouter un commentaire