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Naissance et but de l'art sacré

- Catégories : Art religieux

Constantinople,  à l'origine de l'art Byzantin

Dans le développement de l'art sacré, après les premières persécutions et la paix accordée par l'empereur Constantin, en 313, l'Eglise de Constantinople joua un grand rôle. C'est à elle qu'échut le rôle d'élaborer les formes les plus adéquates de l'art iconographique, le langage pictural. Sa situation géographique entre l'Europe et l'Asie, son statut de nouvelle capitale lui valut d'accueillir, entre autre, l'héritage artistique de ces deux continents, l'iconographie embrassant l'Ancien et le Nouveau Testament comme en témoigne une technique perfectionnée de la fresque et de la mosaïque. Dès le début de son existence, Constantinople était un centre très important de culture artistique.

L'Eglise pratique une inculturation artistique

L'Eglise ne resta pas impassible devant cette richesse de l'art païen d'Orient ou d'Occident, d'Egypte ou de Syrie. L'Eglise emprunte donc abondamment à ce patrimoine de l'art antique, mais en le purifiant, l'adaptant. Du monde qui l'entoure, le christianisme absorbe tout ce qui peut lui servir de moyen d'expression. Ainsi les Pères de l'Eglise ont utilisé la philosophie antique au profit de la théologie. De même l'art chrétien hérite des meilleures traditions de l'antiquité. Il absorbe des éléments de l'art grec, romain, égyptien, syrien et autres, sacralise tout ce complexe  héritage, l'amène à servir la plénitude de son expression et le transforme conformément aux exigences de l'enseignement chrétien.

Statue du bon Pasteur

Statue du bon Pasteur du IIème siècle : l'art  grec au service de la foi 

Christianisation de l'art païen

Rôle purificateur de l'Eglise en faveur de l'art sacré

L'Eglise est l'assemblée des hommes réunis dans la communion avec Dieu. Mais ces hommes viennent de différentes nations et races et apportent avec leur culture, leurs facultés créatrices. Dans tout cet apport l'Eglise choisit ce qui est le plus pur, le plus vrai pour en faire son langage sacré. Comme dit une ancienne prière : "Comme ce pain, autrefois dispersé en beaucoup d'épis sur les collines, est maintenant devenu un, que Ton Eglise soit de même rassemblée des confins de la terre dans Ton royaume." Ce n'est pas une pénétration des coutumes païennes dans l'Eglise mais leur sacralisation. Ainsi dans le domaine de l'art, ce n'est pas une paganisation de l'art chrétien, mais au contraire la christianisation de l'art païen.

L'art chrétien à la croisée des chemins

A cette époque de la formation de l'art sacré, l'Eglise se trouvait en face de deux courants artistiques essentiels :

- l'art hellénistique qui représentait l'esprit grec dans l'art chrétien,

- et l'art chrétien de Jérusalem et des régions syriennes.

L'Eglise prit à chacune de ces formes d'art ce qu'elles avaient de plus parfait, de plus authentique. Ainsi elle rejette le naturalisme parfois grossier de l'art syrien, mais garde son iconographie véridique, fidèlement conservée aux lieux mêmes où s'était déroulée l'histoire évangélique. De l'art hellénistique elle rejette, au contraire une iconographie quelque peu idéaliste, mais garde la beauté harmonieuse, le sens du rythme, certains éléments artistiques. Pour l'image du Christ elle rejette l'iconographie hellénistique qui représentait le Sauveur sous la forme d'un dieu Apollon, imberbe et élégant ; elle adopte l'iconographie palestinienne de l'homme à la barbe foncée, aux cheveux longs, à la fois réaliste et majestueux. Avec ces éléments d'une extrême variété provenant de cultures diverses qui convergeaient à la nouvelle Rome, l'Eglise de Constantinople crée une forme d'art qui, dès le VIème siècle représente un langage pictural bien formé.

Icône Christ Pantocrator

Icône du Christ Pantocrator représenté barbu et majestueux

L'art, expression de la foi de l'Eglise

L'art qui s'élaborait ainsi était une manifestation de la vie nouvelle apportée par le christianisme, une vie dans la chair mais non selon la chair. C'est pourtant d'un monde qui vivait selon la chair que l'Eglise devait prendre ses formes artistiques que le monde païen avait amené à sa perfection. L'art chrétien devait donc exprimer un principe de vie spécifiquement chrétien et l'opposer au principe et au genre de vie païen.

L'art officiel de l'Empire romain était un art d'Etat, qui devait éduquer les  citoyens dans un certain sens. Cet art de l'empire romain était un art démoniaque, un confession du paganisme. Lorsque l'Empire romain devint chrétien, l'Etat fut dépaganisé ainsi que l'art officiel. Pour autant, il resta un art à programme, un art éducatif.

Rôle éducatif de l'art

Dans cet art, la vie telle que la voit l'artiste, n'était guère représentée. C'était un art pédagogique exprimant les idéaux civiques et éduquant les citoyens dans un sens bien défini. Dan ce but, cet art ne se bornait pas à représenter certains sujets ; il le faisait de manière à rendre ces sujets le plus accessible et le plus rapidement assimilables pour le spectateur, d'où la clarté et la concision. Chacun des sujets avait sa fonction.

L'art éducateur et transmetteur de la foi

Pour l'Eglise, il fallait donc un art qui éduque le peuple chrétien dans le même sens que la liturgie, qui lui transmette  l'enseignement dogmatique et qui le sanctifie. Il fallait un art qui reflétât sur la terre le Royaume de Dieu et qui accompagnât les fidèles dans toute leur vie. Il fallait une image qui portât au monde la même prédication que la parole et la présence de la sanctification, de la grâce de l'Esprit-Saint. Dès le VIème siècle ce langage pictural est constitué dans ses traits essentiels. C'est le début de l'art appelé "art byzantin",  terme qui sera arbitrairement étendu à l'art de toute l'Eglise orientale.

La ville de Constantinople au IVème siiècle

La ville de Constantinople au IVème siècle

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