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Le culte de sainte Anne avant son apparition à Auray en Bretagne

Les apparitions de sainte Anne en Bretagne en 1623 ont confirmé que le prénom de la Mère de Marie était bien Anne comme la tradition l'avait transmis . Mais on peut se demander quelle est l'origine de cette tradition et de la dévotion à sainte Anne, puisque dans l'ancien et le nouveau Testament il n'est fait aucune mention de la parente de Jésus ? Ensuite  nous essayerons de comprendre le sens de la dévotion à sainte Anne : pourquoi le Ciel a voulu ce lieu de pèlerinage à sainte Anne d'Auray.

Basilique sainte d'Auray

Basilique actuelle de sainte d'Auray

Sainte Anne dans les apocryphes

Le témoignage le plus ancien sur le nom des parents de la Vierge Marie se trouve dans plusieurs apocryphes dont le protévangile de Jacques. Un écrit apocryphe chrétien est un texte dont l'auteur est inconnu, dans lequel sont consignés des événements bibliques ou des figures du christianisme et qui n'a pas été reconnu comme un texte inspiré, ni faisant partie de la révélation chrétienne et par conséquent du canon des Ecritures. Dans ces textes le vrai et le faux se trouvent mélangés et il est bien difficile de discerner. Mais en raison des apparitions à Auray, nous savons maintenant que les apocryphes disent vrai quand ils donnent le prénom d'Anne à la mère de Marie .

L'apocryphe de Jacques

Ce protévangile de Jacques raconte comment saint Joachim et sainte Anne, qui n'avaient pas d'enfant, eurent séparément une vision d'un ange qui leur annonça la conception et l'enfantement d'une postérité dont la renommée se répandra dans le monde entier. Cet apocryphe se termine avec la naissance de Jésus à Bethlehem.

Destin du protévangile de Jacques

Ce texte apocryphe fut très rapidement condamnée par l'Eglise latine, par contre il fut estimé par l'Eglise d'Orient et utilisé dans sa liturgie. Cette vénération explique sans doute que très tôt l'Eglise grecque eu une fête en l'honneur de saint Anne.

La sainte Parentée : Jésus, Marie et Anne

La sainte Parentée : Jésus, Marie et Anne

Les reliques de sainte Anne en Gaule

Malgré ce jugement négatif envers l'apocryphe de Jacques, la dévotion envers sainte Anne se développa rapidement en Occident grâce aux reliques arrivées à Marseille avec saint Lazare, sainte Marie-Madeleine et sainte Marthe. La présence des reliques de sainte Anne en Gaule est donc très ancienne. En raison de persécutions, les restes de sainte Anne furent confiées à saint Auspice, premier évêque d'Apt (Apt est située dans le département du Vaucluse à 35 km de Cavaillon, 55 km d'Aix-en-Provence, 53 km d'Avignon). D'autres traditions expliquent de manières différentes l'arrivée du corps de sainte Anne en Gaule : pour les uns c'est un riche Marseillais, converti par saint Lazare, qui les lui a offertes ; une troisième version affirme que le pape saint Clément aurait reçu les reliques de sainte Anne par des chrétiens arrivés de Jérusalem pour le confier ensuite à saint Auspice. Malgré ces divergences quant à l'itinéraire des reliques de sainte Anne, toutes les traditions sont unanimes à affirmer que le corps de sainte Anne repose à Apt.

Déclin et renouveau du souvenir de sainte Anne en Occident

Mais avec le temps l'oubli se fait autour des reliques de sainte Anne, cachées à Apt en raison des invasions barbares. Ainsi durant les premiers siècles sainte Anne est pratiquement oubliée en Occident jusqu'à la redécouverte miraculeuse de ses reliques au temps de Charlemagne vers 792. Quelque soit la véracité de ces récits, la grande antiquité du culte de sainte Anne est bien avéré en Gaule et il n'est donc pas étonnant qu'une chapelle dédiée à sainte Anne près d'Auray en Bretagne existait avant l'an 900 selon les paroles de sainte Anne elle-même à son fidèle messager Yves Nicolazic.

Développement du culte en Orient

Partout en Orient s'élève des églises dédiées à la Mère de la Vierge. Au XIIème siècle, après la prise de Jérusalem par les croisés, Sainte Anne est révérée dans une église construite près de la piscine Probatique.  L'Aïeule de Jésus est célébrée le 25 juillet dans le rite byzantin et le 26 dans le rite latin.

Le culte de sainte Anne est aussi propagé par les écrivains ecclésiastiques comme saint Jean Damascène, docteur de l'Eglise qui écrit au VIIIe siècle : "Anne veut  dire grâce…, Marie signifie Reine… la grâce donne le jour à la Reine, à celle qui est la première de toutes les créatures puisqu'elle est la Mère du Créateur".

"O bienheureux couple Joachim et Anne ! Toute la création vous est redevable, car en vous et par vous elle offre au Créateur le don qui surpasse excellemment tous les dons : la chaste mère qui seule était digne du Créateur, ô fille sacrée de Joachim et d'Anne."  

Sainte Anne avec sa fille et Jésus

Sainte Anne avec sa fille et Jésus

Développement du culte en Occident

La mise à l'abri des reliques, et par suite leur oubli, n'empêcha pas qu'un culte soit rendu à sainte Anne, puisqu'on connait deux chapelles construites avant le VIIe siècle :une à Floriac près de Rouen et une autre à quelque distance de Vannes, à Keranna, appelée à une réputation mondiale… Mais ces deux chapelles furent détruites et leur souvenir ne devint plus qu'une ombre. Toutefois le culte demeurait ça et là en Europe. Les chevaliers au retour des croisades redonnèrent une nouvelle jeunesse à cette dévotion. Au temps de saint Bernard, sainte Anne n'avait pas encore de fête propre. Ce saint le justifiait de cette manière : "Le Ciel n'étant pas ouvert à la mort de ces saints personnages, il ne convient pas de célébrer par une fête leur entrée dans les limbes".

Ceci n'arrêta pas le développement du culte de sainte Anne en Europe notamment grâce aux reliques qu'on trouve un peu partout. Enfin le pape Urbain VI accorda en 1378 une fête en l'honneur de sainte Anne pour l'Eglise d'Angleterre. Les confréries se multiplient. Ce prénom est fréquemment donné et acquière une certaine célébrité : Anne de Beaujeu, fille de Louis XI, Anne de Bretagne…

Grégoire XIII, en 1584 étendit la fête de sainte Anne, fixée le 26 juillet, à toute l'Eglise universelle. Le Pape Grégoire XV, dont le pontificat dura deux ans (1621 - 1623), alla plus loin et rendit cette fête obligatoire en reconnaissance de sa guérison obtenue par l'intercession de sainte Anne, alors qu'il était à toute extrémité et condamné par les médecins. Cette décision a donc été prise quelques mois avant la visite de sainte Anne en terre de Bretagne, qui était comme une réponse pleine de bienveillance aux honneurs que l'Eglise lui attribuait.

Mais pourquoi un tel honneur en faveur de sainte Anne ? Nous essayerons de répondre à ces questions dans un prochain article.

Sainte Anne et la sainte Vierge Marie

Sainte Anne et la sainte Vierge Marie

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